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Violence en milieu scolaire : la FPPE-CSQ tire la sonnette d’alarme et réclame des mesures urgentes
Un sondage mené auprès de plus de 2 300 membres de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) révèle une hausse marquée de la violence dans les écoles, particulièrement au préscolaire et au primaire. L’organisation appelle à des actions concrètes pour améliorer le climat scolaire et retenir le personnel professionnel.

Une violence en hausse chez les plus jeunes
Selon les résultats du sondage réalisé en avril 2025, 59,4 % des professionnel·les du préscolaire et du primaire jugent que le réseau scolaire est aujourd’hui plus violent qu’il y a cinq ans. Pour l’ensemble du réseau, 52,5 % des répondant·es partagent ce constat. Les professionnel·les notent une recrudescence d’actes violents, en particulier chez les enfants de maternelle et du premier cycle, qui manifestent de plus en plus de comportements physiques agressifs.
Le phénomène est perçu comme un effet à long terme de la pandémie sur les plus jeunes : plusieurs répondant·es disent observer une détérioration du climat de classe et une intensification des gestes agressifs, tant envers leurs pairs qu’envers le personnel.
Comprendre pour mieux intervenir
Pour la FPPE-CSQ, les comportements violents des élèves ne sont pas toujours motivés par une volonté de nuire. Le président de la fédération, Jacques Landry, rappelle que « ces gestes sont souvent des réponses impulsives à des besoins non comblés ou à des frustrations mal exprimées ». Il insiste sur l’importance d’intervenir de manière précoce et bienveillante, en identifiant les causes profondes de ces comportements.
L’accent est mis sur la nécessité de favoriser l’empathie, la tolérance et le respect, tout en assurant un encadrement clair et cohérent auprès des élèves. Pour cela, des équipes multidisciplinaires incluant des psychologues, psychoéducateurs, orthophonistes et autres spécialistes sont essentielles.
Le rôle clé des professionnel·les : agir tôt et prévenir
La FPPE souligne l'importance de renforcer les interventions dès la petite enfance. Des programmes tels que Passe-Partout, axés sur le soutien au développement global de l’enfant, sont cités en exemple. De même, l'expertise des professionnel·les dans l’accompagnement émotionnel, l’adaptation scolaire et l’aménagement des milieux d’apprentissage est essentielle pour améliorer durablement le climat scolaire.
Pour Jacques Landry, il est impératif de mieux soutenir ces professionnel·les, qui sont en première ligne pour prévenir la violence : « Ce sont eux qui repèrent les signaux précoces, mettent en place des stratégies adaptées et accompagnent les élèves en difficulté. Sans leur présence suffisante, les efforts de prévention sont compromis. »
Un manque criant de ressources et de suivi
Les témoignages recueillis dans le sondage révèlent un manque de temps, de moyens humains et financiers, ainsi que des suivis insuffisants après les incidents. Plusieurs répondant·es affirment que les interventions sont souvent réactives plutôt que préventives, ce qui nuit à leur efficacité.
De plus, l’attraction et la rétention du personnel professionnel demeurent un enjeu majeur. Les dernières données du tableau de bord de l’éducation montrent des difficultés persistantes à combler les postes dans plusieurs disciplines, notamment chez les psychologues, psychoéducateurs et orthophonistes. Cette pénurie compromet la stabilité et la capacité d’intervention dans les écoles.
Des recommandations claires pour améliorer la situation
Dans son rapport, la FPPE propose plusieurs solutions concrètes :
- Créer des équipes multidisciplinaires dans chaque école pour assurer une intervention concertée et proactive ;
- Mettre en œuvre des mesures universelles de prévention dès la petite enfance ;
- Offrir un accompagnement professionnel accru aux élèves présentant des comportements agressifs ;
- Adapter les milieux scolaires pour en faire des espaces sécuritaires et inclusifs ;
- Valoriser l’expertise des professionnel·les par des conditions de travail collaboratives et stables ;
- Offrir un meilleur soutien aux victimes de violence, tout en encadrant de façon structurée les élèves concernés, avec l’appui des services sociaux et de santé.
Jacques Landry réaffirme que « l’urgence d’agir est réelle » et appelle le ministère de l’Éducation à investir dans l’avenir du réseau scolaire : « Il y a de l’espoir, mais nous devons agir maintenant pour protéger tant les élèves que les membres du personnel. »
Des chiffres révélateurs
Le sondage révèle également l’ampleur des agressions vécues par les professionnel·les :
- 47 % ont subi de la violence verbale de la part d’élèves au cours des six derniers mois ;
- 29,5 % ont vécu de la violence physique ;
- 23,4 % ont été victimes de violence psychologique ;
- 67 % ont été témoins d’agressions dirigées vers du personnel enseignant ou de soutien depuis octobre 2024.
Ces données traduisent l’ampleur du phénomène et justifient les appels pressants à mieux encadrer et soutenir les milieux éducatifs.
Source : Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ)
Ressources et références
Date de parution : 2025-06-19
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Publié par : Mon Index